Good Morning Vietnam !

4 (35)28 janvier,

A la veille du nouvel an chinois qui paralyse et plonge tout Taiwan dans un désert hollywoodien, nous nous envolons avec Marion destination Hanoï au nord du Vietnam pour 12 jours de Backpacking ! 2H30 de vol avant de retrouver Hanoi, sous un climat relativement similaire à celui de Taipei mais dans une ambiance bien différente !

Tout comme la Birmanie, la Thaïlande et le Laos, les frontières du Vietnam délimitent une zone biscornue qui interdit toute homogénéité dans le pays ! Le Vietnam s’étend ainsi en forme de « s » dont les extrémités abritent les villes de Hanoi au nord et de Ho chi Minh 1600 km au sud ; entre elles deux, le pays n’est qu’une bande de moins de 100 km de large coincée entre les montagnes laotiennes et cambodgiennes de l’Ouest et la mer de chine à l’Est. De par son histoire et cette géographie, il est difficile pour le Vietnam de venir à bout de cette bivalence.

A cette géographie bien particulière, s’ajoutent des réseaux routiers et ferrés encore peu développés et qui impactent donc fortement votre envie de visiter tous les sites touristiques du pays. Il y a néanmoins un avantage à une telle situation, c’est qu’elle limite votre choix de parcours, et avec 50 km/h de moyenne, il vous faudra choisir entre une excursion du nord au sud ou du sud au nord ! Nous optons pour la première !

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Hanoï

Nous découvrons avec admiration cette ville au nom rempli d’histoire ! Et à quelques jours de la fête du Têt, les rues bouillonnent malgré la fraicheur, ces milliers de scooters  se faufilent avec agilité dans le moindre espace de liberté et gagnent les quelques mètres négociés le doigt sur le klaxon. Les trottoirs sont envahis, les feux rouges quasi inexistants, et la priorité piéton une mode révolue ! La prévention routière est remise au placard, pour le touriste c’est alors « marche ou crève »!

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Si leVietnamien s’écrit en alphabet latin, il résonne comme du Chinois ! Tant de C, de H et de P dans un même mot que j’imagine déjà des scrabbles aux scores inoubliables.  Dans le vieux quartier, les rues se ressemblent toutes, à droite un bouiboui, à gauche une guesthouse qui jouxte une agence de tourisme. Difficile de se repérer  avec assurance dans ce décor qui évolue en permanence ! Les rues bondées du matin sont vides l’après-midi, le soir des dizaines de tables basses envahissent les trottoirs pour servir aux jeunes graines de tournesol et thé ! Tous les rez de chaussées sont consacrés au commerce ! Des milliers de petites boutiques s’alignent donc dans ces rues où les scooters font office de camion puisque ces derniers ne peuvent plus pénétrer la ville ! Minimum 2, parfois 5, le scooter  vietnamien est une véritable remorque et en cette fin d’année, on se précipite pour acheter l’arbre de noël (une sorte de petit oranger)  que l’on fixe avec les cages à poules, les cochons où les cartons.

Le tourisme est une activité importante dans Hanoï et les dizaines de solutions d’hébergement s’offrent à nous ! Si le Vietnamien du nord ne maitrise que très rarement l’anglais, il manie avec élégance le Dollar américain, il n’y a dès lors plus aucun problème de langue !

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Notre première négociation a lieu sur les berges du lac Hoan Kiem ! Armé d’un carton, on nous propose un superbe guide Lonely Planet pour l’équivalent de 10€ ! Marion s’agite, le manque d’infos dans notre guide actuel irrite son désir de connaissance, à 6 € nous concluons le marché ! Après avoir déballé notre guide, nous découvrons ce bel ouvrage relativement bien photocopié où il ne manque qu’une vingtaine de page ! En fin de séjour, le vendeur nous expliquera que les versions françaises sont moins bien soignées que les versions anglaises à cause du plus faible taux de demande !

Notre expérience de Taiwan nous apprend au quotidien à nous méfier de ce qu’il y a dans les guides et une fois de plus nous ne pouvons que constater avec plaisir les différences entre ce que nous vivons et ce que nous pouvons y lire. En tant que touristes nous ne sommes ainsi que rarement sollicités par les taxis, pousse-pousse et autres vendeurs à la sauvette à qui un seul « non merci » suffit ! Hanoi nous apparait ainsi aussi vivant que sûr tant dans les relations que dans la restauration !

 

DSC01790Dans les marchés, les poissons tentent en vain de sortir de leurs grandes bassines oxygénées, les poulets s’agitent dans leur dernier 100 m malgré la décapitation, et les cochons accordent leur « La » sur cette note qui sera leur dernière ; ainsi si les étales de viandes et de poissons ont parfois des teintes moyen-âgeuses, on ne peut qu’être satisfait de la fraicheur des produits notamment en cet hiver où la température tutoie les 10 °c !

Dans les restaurants de rue, nous n’avons guère le choix et nous alternons entre soupe aux pâtes et riz frit, mais sautant sur les nems dès que l’occasion se présente.Difficile de donner un prix, c’est à la tête du client même si souvent les prix sont affichés, en comparant un menu en anglais avec un menu en  vietnamien nous nous rendons compte que le traducteur a commis quelques erreurs ! D’où cette réflexion de Marion : Que se passerait-il si à Paris on faisait payer deux fois plus cher les activités aux touristes ?

 

Le quartier historique d’Hanoi se visite très facilement à pied, et nous sommes amusés en observant ces cars de touristes coincés au milieu des scooters et qui osent tout juste ouvrir leur vitre pour prendre quelques photos à l’arrachée, quel Safari ! Ici les immeubles de 4 ou 5 étages ne dépassent pas 4 m de large, la couleur béton tranche avec le noir des centaines de fil électrique, et le rouge communiste colore ces rues aux mille lumières ; nous découvrons aussi  des quartiers complets de grandes bâtisses aux couleurs et aux styles bien exotiques, un grand parc qui apporte ce silence disparu, mais aussi le Mausolée d’Ho Chi Minh, que nous visitons sous l’œil attentif de gardes postés en nombre. Vers 22h, la ville se plonge dans une atmosphère diamétralement opposée, les rues sont vides, les commerces fermés, et seuls les rires de quelques bars viennent animer ces rues sombres bordés de ces arbres dont chaque branche-racine émet une ombre qui pourrait nourrir les imaginations les plus folles.

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En cette fin Janvier, nous pensons que ni les plantations de Sapa, ni la baie d’Halong n’offriront leurs couleurs  de carte postale et nous préférons partir pour Mai Chau, au sud-ouest d’Hanoï ! Malgré le nombre d’agence pour touristes, nous constatons avec plaisir que les guesthouses, en plus d’un cadre propre et rassurant, offrent un service de qualité pour tout voyageur indécis sur sa destination ! Nous embarquons donc avec 3 autres personnes  jusqu’ à cette petite attraction touristique qui bien que mise en valeur dans le guide n’abrite que très peu d'étrangers en cette période ! Nos 3 collègues ont choisi l’option voyage organisé sur 2 jours, et nous expliquent peu à peu les excursions prévues,  auxquelles nous décidons finalement de nous joindre pour un tarif bien inférieur, cela fait toujours du bien de se dire que l’on paye moins cher que son voisin !

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 Mai Chau est un charmant petit village de maisons traditionnelles sur pilotis et dont la moitié fait office d’hôtel ! Il ne s’agit en fait que d’une grande salle dans laquelle sont disposés le soir venu, des dizaines de matelas et couvertures pour accueillir ces touristes qui débarquent souvent par car entier ; de véritables chambres avec matelas Epéda sont néanmoins disponibles pour ceux qui aiment le confort ! Dans les rues, chaque maison expose ses tissus, ses bibelots et ces souvenirs que l’on a du mal à croire Hand Made jusqu’à ce qu'on entende, au crépuscule, les grincements des tisseuses remplacer le doux chant des coqs !

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Une balade à vélo dans la vallée nous confirmera que Mai Chau, malgré son état de propreté impeccable, n’est pas une reconstitution pour touristes en mal de dépaysement ! On vit un pur moment de simplicité, les scooters sont relativement absents, les gens souriants, et les paysages très agréables même en l’absence de ce vert de rizière qui doit sublimer l’endroit dès la mi-avril !

 

2 (18)Après 36 heures à Mai Chau, quelques parties de billards, quelques bières et un bon déjeuner, nous décidons de partir à pied pour continuer à explorer ce qui la veille nous a tant mis en appétit, en ce début de fête du Têt, il n’y a plus de guide pour débuter un des trecks réputés, nous allons donc devoir partir tout seul ! Le petit groupe de la veille s’amuse de nous voir avancer sans carte, mais nous sommes sûrs que ce chemin nous offrira son lot de souvenirs !

Et le Vietnam se prête totalement à ce genre d’aventure, des mini échoppes ont fleuri sur tous les chemins, tous les villages, les bus locaux quadrillent toutes les routes, les motos et scooters sortent toujours d’un recoin lorsque vous pensez être dans un « no man’s land ! » ! Au Vietnam, on ne peut se perdre, mourir de faim ou de soif et l’hospitalité des gens vous assurera même le couchage ! Le Nord du Vietnam apparait donc comme un cadre idéal pour aller marcher sans but et sans guide ! 

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Nous traversons rapidement des villages où les gens s’amusent à nous voir passer, des petits chemins souvent bétonnés, d’un mètre de large, sillonnent cette campagne pleine de couleurs et de senteurs. Water Buffalo, poulets, canards, chien, cochons et sangliers font partie du décor bleu vert où apparait régulièrement un élevage de poisson ! La fraicheur de l’hiver contraint les paysans à recouvrir de bâches les plants de riz qui seront repiqués en Avril, et à cette couleur plastique s’ajoutent malheureusement ces millions de déchets ! C’est sans doute là le point le plus marquant. Sur les sites touristiques, nous sommes ainsi invités à prendre soin du paysage … blablabla…. A utiliser les poubelles…. ! En coulisse, ces déchets sont souvent renversés dans les rivières, brûlés dans les ruisseaux, ou étalés sur le bord des routes, dans quelques millions d’année le pays regorgera probablement de puits de pétrole…

Le petit sentier rejoint peu à peu un plus gros, jusqu'à rejoindre la route principale de l’axe Hanoi Dien Bien Phu. Dans les premiers km, la route serpente entre les montagnes et si elle n’offre pas de véritables paysages extraordinaires elle est remplie de chaleur humaine !

3 (31) La vitesse du pas permet d’observer la vie des villages, qui est pleine d’animation ! Nous sommes régulièrement invités à venir profiter d’un feu ou à partager un thé, café ou autre substance visant à réchauffer la gorge via un basculement sec du coude, mais nous déclinons préférant poursuivre notre route ! Sur ces villages de bord de « nationale », notre présence amuse les parents, étonne les ancêtres et anime parfois de crainte les enfants en bas âge qui se cachent pour mieux nous observer ! Un habitant insiste pour nous inviter, nous ne pouvons plus refuser. On se regarde, chacun parlant dans sa langue que l’autre ne comprend pas, notre guide nous permet d’exprimer quelques remerciements puis nous les quittons pour avaler quelques km de plus.

Vers 17h, on se demande où est donc passé le village que l’on devait rejoindre... Tant pis, le pouce se lève, la voiture s’arrête, elle nous déposera dans la ville voisine de Moc Chau. A 20h, la ville s’éteint, sur l’artère principale, un coiffeur nous interpelle, un bang en pot d’échappement dans la main droite, un digestif dans l’autre, nous répondons avec plaisir à cette invitation.

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Le lendemain, nous poursuivons notre excursion dans la direction de Son la, les premiers km manquent d’intérêt mais peu à peu la campagne reprend ses droits. Nous passons enfin un col qui nous plonge alors dans une vallée de carte postale, après quelques hésitations, nous décidons de quitter la route pour rejoindre ces villages qui d’en haut nous plaisent déjà ! Nous dévalons la pente au milieu d’un pré de buffles qui ne s’inquiètent pas de notre présence, et arrivons sur un sentier qui semble desservir toute la vallée ! Ce sont les mêmes maisons qu’à Mai Chau, et je suis impressionné par leur état de conservation ! La vie bat son plein dans ces campagnes et à côté du karaoké plein air, s’agite le village tout entier autour du match de foot local ! Nous arrivons pendant la mi-temps et le stade se retourne pour nous regarder passer, rire, et nous inviter à prendre part à la partie… à peine avons-nous rejoint la route qu’un autobus local passe et nous crie « Hanoï ? » …

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Pas de temps à perdre, c’est la fête du Têt, l’équivalent du nouvel chinois, qui dure presque une semaine et au cours de laquelle, tout s’arrête, transports, magasins, même le tourisme est au ralenti ! Pour parcourir la route du sud, il n y a plus de bus classiques, nous rejoignons donc la gare, mais à peine arrivés un bus nous interpelle : Ninh Bin…? Hop nous grimpons. Efficace le réseau vietnamien.

Ninh bin en période du Têt, c’est l’équivalent de Melun un dimanche de février : « Mort ! »

Et pourtant cette ville, située à 200 km de Hanoï, voit passer en son centre l’autoroute du sud, puisque de par la forme du Vietnam, une seule route relie Hanoi à Ho chi Minh, l’équivalent d’une 2 fois une voie sans ligne blanche, ni barrière de sécurité mais pleine de trou ou autres surprises qui transforment un voyage en bus en une sortie dans un grand huit.

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Cette ville est néanmoins un passage apprécié par les touristes qui veulent profiter de ce qu’on appelle la baie d’Along terrestre : un cours d’eau passant entre les montagnes et les rizières et qui se visite en une petite heure grâce à une organisation bien ficelée ! 1200 petites embarcations à rames attendent les touristes, qui après s’être acquittés du droit d’entrée, de la taxe touriste etc… évoluent en file indienne pour une promenade d’une heure aller-retour sur un cours d’eau de 30 m de large ! Au milieu du parcours, les rameurs sortent d’un sac les bibelots et l’embarcation se transforme alors en magasin flottant où l’on est pris au piège ! Heureusement, une autre embarcation qui vend nourriture et breuvage vient s’amarrer à bâbord pour une plus grande stabilité…. Entre ce village de Tam Coc et Nin Binh, une agréable promenade en vélo vous permettra de profiter de la campagne et d’un calme bien plus agréable.  Après s’être fait refouler d’un restaurant local, nous profitons de ces nombreuses salles de billards présentent dans tous les villages pour achever notre soirée !

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                   Le 3 Février !

C’était le jour le plus important du nouvel an Vietnamien, plus un bus ne circule, il devient difficile de trouver un restaurant, notre espoir  de rejoindre Hué 700 km au sud s’amenuise ! Coup de chance, un bus  passe, on grimpe, 250 km plus loin, nous découvrons la ville de Vinh  avec ces grandes artères, ces campagnes de promotion communiste, et ses rideaux  de fer…

Après 1 heure de pouce tendu en l’air, le résultat est maigre ! Quelques voitures se sont arrêtées, souvent des gros 4*4, les vitres se baissent : « Hué : How much you give ? »

La vitre se referme, l’accélérateur reprend de son mouvement… il n’y a pas de stop sans billet au Vietnam ! Face à nous, une vieille voiture fait demi-tour, un paysan d’1,40m conduit, derrière sa fille en tenue occidentale sort pour nous aider ! Pleine de patiente et de gentillesse, après  2 - 3 coups de téléphone à ses amis, elle nous conduit à la gare pour notre premier voyage de nuit, « il y a un train qui part ce soir «  !

J’aime ces trains de nuits, ces trains couchettes où à six dans 6 m2, soit 10 m3 (dans ce cas la hauteur a de l’importance), on apprend à se connaître sans même se parler ! L’état des toilettes force à l’abstinence, mais il n’y a de toute façon pas de voiture bar, c’est siège en bois ou plaque de fer molletonnée ! Contrôle des billets : « VIP room ? » nous dit le contrôleur, nous le suivons et découvrons de jolies petites cabines intérieur bois, « How much ? ». Apparemment, le monsieur se construit une petite retraite personnelle ! 8h de train, 500km, à ce rythme le trajet est plutôt confortable !

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Hué ancienne ville impériale est une ville agréable, coupée en deux par la rivière des parfums mais qui mis à part sa citadelle ne présente pas d’intérêt particulier. Sa campagne est néanmoins pleine d’attractions, tombeaux royaux et temples qui ont fait l’objet d’une superbe balade en  « moto », enfin une plage qui en cette période hors saison offre une tranquillité inespérée, aux vues des installations, la période estivale doit être beaucoup moins plaisante.

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100 km plus au sud,  nous découvrons la ville d’Hoi An classée au patrimoine de l’Unesco, elle sera la dernière étape de notre aventure nord sud et vient parfaitement conclure ce gradient touristique auquel nous avons pris part depuis Hanoï. En effet, parallèlement aux degrés qui augmentent au fur et à mesure que nous descendons vers le Sud, nous voyons l’activité touristique croitre de manière importante. Les bouibouis locaux ont fait place aux bars Western, les tenues traditionnelles sont délaissées et remplacées par le torse nu de quelques Ricains savourant des bières glorieusement posées sur une bedaine pleine de générosité. Cette ville offre néanmoins un profond dépaysement, comme si tout d’un coup on se retrouvait dans un vieux village méditerranéen, les vieilles maisons de commerçant ayant souvent été transformées en magasin de souvenirs où en l’un de ces nombreux restaurants. Au milieu de ces maisons jaunes,  des musées, un vieux pont japonais et un tour sur une plage bondée auront de quoi vous occuper deux journées au plus.

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Pour nous c’est déjà l’heure de rentrer sur Hanoï, les sleeping bus ainsi que les trains de nuit sont complets, l’option avion nous évitera alors les 16 h de bus nécessaires pour parcourir les 900 km.

Cette partie nord du Vietnam nous a conquis, même si plusieurs rencontres nous ont amené à disserter sur les effets négatifs d’un certain tourisme. Le Vietnam apparait comme un pays sur que l’on peut parfaitement découvrir sans la moindre préparation et profiter de ses nombreuses structures qui ont toujours  su nous satisfaire. Loin des sentiers touristiques, les projets d’une excursion plus rurale au sud commencent à se dessiner…

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