3 semaines en Malaisie

Quiquonque, s'est déjà promené à la Fnac rayon " Lonely Planet", a tenu en ses mains le guide de Bornéo, cette couverture bleue, ce singé nommé tarsier d'un autre temps au regard captivant qui semble nous dire: " Pas chiche de venir m'attraper" !
Fin Avril, nous décidons donc de tenter l'aventure, sur la partie malaise de Bornéo, laissant l'Indonésie comme prochain motif d'excursion !
Kota Kinabalu, capitale de la partie "ilienne" n'a rien à envier à Kuala Lumpur ! Car bien que Bornéo soit la troisième plus grande île du monde, il y règne cette atmosphère si particulière aux îles, tout s'y fait différement, plus lentement et de manière plus coûteuse...
Kota Kinabalu est une petite ville en bord de mer, sans quartier historique, sans building moderne, mais où l'on se sent rapidement chez soi ! Le coucher de soleil offre chaque soir de manifiques couleurs sur la baie, mais une fois ces teintes échappées, la ville se plonge dans une obscurité qui signe la fin de toutes activités...

Pas le temps de s'attarder, le réseau routier peu développé et de qualité moyenne impose de s'organiser rapidement car les distances sont longues et la vitesse moyenne inférieure à 60 km/h! Nous optons pour la région Est de Sabbah qui est réputée pour ses spots de plongée et après 8h de bus de nuit et une arrivée à 4h du mat on peut dire que les vacances commencent sur un rythme....agréable !
Dans la ville de Semporna, le Muezzin révise ses gammes, et agit comme un véritable réveil sur cette ville qui sort de son silence ,le marché commence à prendre vie, les bateaux s'agitent, les clubs de plongée sont en briefing...pour nous c'est l'heure du Café malais : un bon soluble Nescafé noyé dans une dose de lait concentré bien sucré !

Si Semporna est réputée, il ne s'agit en fait que d'un point d'embarquement, la ville n'a rien d'extraordianire, et l'absence de loueur de moto ou vélo rend les alentours et les plages inaccessibles. La ville s'est totalement spécialisée dans le tourisme aquatique, et de nombreux " tours opérateurs occidentaux " ont investi les berges de la ville ! Pour autant la concurrence ne semble en aucun cas impacter les prix....y aurait il une entende globale ?

Après une heure de bateau, nous rejoignons l'ile de Mabul
Image de carte postale, de lagon bleu, de maison en bois sur pilotis mais aussi d'un succès qui semble ne pas avoir de limite ! La plateforme pétrolière a été convertie en hôtel, les bateaux sont à touche-touche, mais le cadre garde néanmoins de son charme !
Notre première plongée en snorkeling aura eu un goût "amer" ! Nous sommes déposés sur un spot qui bien que fourni en poisson est en fait la zone d'accueil du principal resort ! Dans cette zone "surveillée & sécurisée " les bateaux rentrent sans prendre garde et nous commencons à comprendre pourquoi nos amis malais "snorkle" avec tout le matériel habituel y compris gilet de sauvetage...!
L'après midi, la rencontre avec les tortues et quelques baracudas sera notre plus belle surprise !
Toutefois, cette ile s'est tant spécialisée dans la plongée, qu'aucune autre activité n'est possible, la densité des maisons ne permet pas de se balader, il n'y a aucun commerce....aucun lieu aménagé pour se divertir.....Plonger, plonger, couler !

En dehors de ses fonds aquatiques, Bornéo est réputée pour sa jungle et ses parcs nationaux ! Mais malgré des structures d'accueil développées, y accéder n'est pas pour autant facile ! Car au système routier primitif, s'ajoute l'hyper développement des champs d'huile de palme qui isolent les zones de jungle. Difficile d'y réaliser une excursion d'une journée d'autant plus que les parcs ne proposent souvent que des entrées liées à des nuitées, à des prix adaptés si l'on est Japonais....!
L'abondance des taxis et minivans permet cependant de relier facilement les villes, ni horaire ni tarif précis, on part quand le van est plein et on paye selon la couleur de peau, heureusement on a pris quelques coups de soleil la veille... ! Dans les petites villes nous nous heurtons régulièrement à la barrière de la langue qui nous vaudra quelques incompréhensions mais nous gagnons finalement la région de Sandakan, où l'uncle Tan's house sera notre point de départ pour un trip 3J/2N dans la jungle. En apéritif, nous optons pour la visite du centre de réhabilitation des Orang-outans qui connait un fort succès. Dans cette réserve naturelle, l'habitat est verdoyant et agrémenté de quelques lianes artificielles pour optimiser le spectacle autour de la zone d'alimentation ! Lorsque le singe se met a faire demi-tour la horde de touristes est prise à contre pied et réajuste son matériel photo dernière génération pour prendre le cliché parfait ! Papi Croket est quant à lui planqué en tenue de camouflage de l'autre côté et sans un bruit shoote le gros pépère funanbuliste !

Avant de commencer notre "Safari de 3 j", un briefing s'impose ,chacun doit signer son contrat qui se résume en quelques mots:
_ le camp n'est pas un 5 étoiles
_ absence d'eau chaude et d'eau potable
_ le camp a récemment subi quelques dommages (inondation) 2 semaine auparavant
_ des moustiques à gogo...
Nous embarquons alors avec quelques amis chinois et australiens pour rejoindre le camp avancé ! 2 h de voiture, puis une heure de bateau à remonter la rivière de Kinabatangan, nous arrivons enfin à la base ! La structure est simple et sans fioriture, fonctionelle et en bois...;ca commence à nous plaire !
L'équipe nous offre un énième briefing sur le programme à suivre,dans le désordre:
balade nocturne en bateau pour observer singes , oiseaux et croco; balade a pied dans la jungle, foot, repos ou pêche , puis soirée alcool de riz pour les occidentaux !

Une seule loi dans cette jungle : pour éviter toute attaque par les macaques ou rats, ne pas garder de nourriture dans vos sacs !! Nous partgeons notre bungalow à ciel ouvert, avec un Hollandais et une Australienne qui dorment de part et d'autre de notre lit, détail qui a de l'importance pour la suite de l'histoire ! En effet, au cours d'une petite insomnie vers 2h du matin, un bruit de sac plastique attire mon attention, puis la monopolise totalement ! De l'autre coté de notre moustiquaire, à quelques 30 cm de ma tête, une bête doit fouiner dans mon sac pourtant vidé ! La lampe est introuvable, Marion me dit que ce n'est rien...Dans un élan de courage immense, j'attrape donc la bouteille d'eau d'1,5L que j'utilise pour frapper violemment et à plusieurs reprises en criant :"va-t'en sale bête..." ! Dans ce remue-ménage, j'arrive à remettre la main sur la lampe que j'allume sans vraiment vouloir découvrir l'invité...!
et c'est là que je l'ai vu...ce que G. Tron aurait eu plaisir à observer.... Un pied d'homme, puis un mollet et enfin une cuisse dans un état de nudité totale ! Le faisceau s'élargit....c'est mon voisin de droite, qui se tient debout en slip entre l'Australienne et nous, il semble perdu, à moitié affolé à moitié endormi ...un somnambule en pleine jungle....!
Le lendemain, les balades en bateaux sont fructueuses, Macaques, orang-outans, gibbons et proboscis nous ont offert un beau spectacle sur une scène qui subit de plein fouet la déforestation !

De retour à la civilisation, la préparation pour l'objectif principal commence :
L'ascension du mont Kinabalu !

L'Aventure du mont kinabalu a en fait commencé 2 mois auparavant sur la toile ! Comment réserver sa place ? Question toujours sans réponse !
L'ascension, principale attraction de la région de Sabbah et devenue un gagne pain incroyable pour les tours opérateurs ! Dès lors tout se complique, à une communication peu claire et à une privatisation des structures s'ajoute une volonté certaine de rendre ce domaine plus rentable que n'importe quel portefeuille boursier ! Les excursions sur 2 jours sont soit disant Full, et seule l'option trois jours est accessible comme pour assurer un taux de remplissage maximal des locaux ! Aux taxes d'entrée, de permis , de chauffeur de voiture, (pour parcourir 2 km sur du béton) s'ajoute le guide ! Et hors de question de le partager avec un autre groupe...! Les prix ont été multipliés par 2 en 3 ans, mais le confort reste le même dans le dortoir du refuge et alors qu'un repas revient en tant normal à 1,5 €, l'ascension frôle 180 € TTC par personne et pour 2 jours,...24 h en fait.

Mais notre timing est serré et les disponibilités ne correspondent pas ! Nous apprenons alors qu'il existe une troisième possibilité : la montée/descente sur 1 Jour ! l'accès est limité à moins de 10 personnes par jour, soumis à des restrictions d'horaire qui impose d'avoir dépassé le refuge avant 11 h du matin, et de redescendre avant 17 H !
La résa est faite...pour dans deux jours, d'ici là nous découvrons les autres trails du parc, de 200 m à 6 km.., la plupart du temps désertés par les toursites qui ne voudraient pas y laisser une goutte de sueur et qui préfèrent rester enfermés dans un des nombreux lodges appartenant au parc ! Juste avant l'entrée principale, les auberges permettent de profiter tout autant du cadre et une petite épicerie/resto quant à elle, nous sert au ravitaillement avant le jour J !

7 h du Mat, le parc ouvre, les mollets sont chauds, le staff du parc a égaré notre résa...organisation locale.... Peu importe, le départ est donné, 2200 m de dénivelé pour atteindre le sommet à 4100, accompagnés de notre guide qui affiche un tour de mollet proche de 50 cm !
Au départ, un check point bien sécurisé et placé sur une crête contrôle l'accès au sentier ! C'est là que commence l'escalier....
8km de grimpette, sur un chemin plus balisé qu'une autoroute mais dans un style encore brut de pierre ! Vers 9h , nous rencontrons les premiers descendeurs qui commencent à nous inquiéter un peu : chaussures de haute montagne, vêtements d'alpinisme, bâtons de ski, lampe frontale et appareil photo de 5 kg, tandis que nos chaussures de tennis laissent entrevoir le bout de nos orteils !Mais bon , nous commencons à être habitués, ce ne sont que nos amis asiatiques qui, comme à leur habitude sont équipés pour du - 20 °C alors qu'il doit faire près de 10 °C en réalité !
3400 m , le refuge est atteint à temps, mais pas le temps de s'attarder, surtout que nous bénéficions d'une fenêtre clémente dont nous aimerions profiter au sommet !

La vue devient de plus en plus captivante mais chaque mètre gagné atteint mon moral ! 3800 m je flanche,
Marion pleine de courage récupère le sac ! La dernière partie est en fait une grande dalle rocheuse épuisante à parcourir tant la distance semble longue ! Les derniers métres, sont gravis à 4 pattes... heureusement nous ne sommes que 6 sur le sommet, et aucune photo ne viendra illustrer ce passage pénible !

Au sommet c'est le bol d'oxygène, le sac si lourd est vidé en un instant, sandwichs, ananas frais, biscuits, tablette de chocolat....tandis que nos deux concurrents norvégiens se contentent de quelques carrés de chocolat ! Le paysage est plus beau qu'espéré....magnifique !
La descente se fait au pas de course et nous croisons alors ceux qui montent pour l'ascension du lendemain ! 180 personnes, toujours sur-équipées, mais qui ont préféré délaisser leurs sacs aux porteurs qui grimpent avec 30 kilos de chargement !
16h30 le camp de base est rallié, pas le temps de s'étirer, le bus nous ramène vers KK où nous devons retrouver Gwenolé, venu de France !

Pour la dernière journée de Marion, programme plage et farniente ! En face de KK; quelques iles de sable blanc à tout juste 20 min de bateau ! Une escale reposante alors que les mollets commencent à se durcir...les 3 jours suivants, Marion descendait les escaliers en marche arrière, sans doute une petite revanche sur un manque de fair play envers son compagnon souffrant !

Marion rentre donc à Taipei alors que je poursuis l'aventure, bénéficiant d'une plus grande largesse de mon employeur !

Direction Sarrawak, la partie sud de la Malaisie /Bornéo !

Pour rejoindre le sud, c'est un peu plus complexe, il y a la solution de l'avion , ou celle du car/bateau/car/bateau en traversant l'ile de Pulau Labuan puis le pays de Brunei dont les frontières semblent être dessinées en fonction des puits de pétrole...
Si la Malaisie vit selon les coutumes musulmanes, l'île de Pulau est une zone à part, sans taxe et sans interdit, laissant l'opportunité à chacun de profiter des plaisirs faciles ! La bière à 1 € est cependant plus chère que le pétrole qui atteint les 0,25 € ...le litre !

Brunei est un état bien particulier qui connait un développement incroyable ! A l'approche de la capitale, des panneaux indiquent :
2000 maisons à vendre ! De véritables villes sorties de terre en quelques mois et construites sur un model unique répété dans les villes voisines.
La capitale est séparée en deux par la rivière qui oppose la ville de béton à la ville de bois construite sur pilotis et qui abrite plus de 10 000 personnes, 200 gondoliers assurent chaque jour le transport des locaux mais organisent aussi des balades agréables au milieu des habitations. Mais pas de quoi passer des semaines à Brunei, un centre culturel, une mosquée et un marché plus tard, nous filons vers le sud à bord de notre bus de standing 3 étoiles, 50 cm pour les jambes, des sièges inclinables à l'infini, un confort remarquable mais nécessaire quand on a 15h de bus à faire sur une route "régionale" !
Arrivée à Sibu, nous découvrons à 21h une ville à moitié endormie, tout juste le temps de profiter du marché chinois, .... le tourisme n'a en aucun cas influencé le rythme des locaux !
4 h de bateau, c'est une balade agréable quoique bruyante qui permet de rejoindre Kuching. Sur les berges, d'innombrables entreprises sylvicoles déchargent les centaines de fûts d'arbres exotiques qui viennent de laisser place aux palmiers , et qui témoignent de l'importance de l'huile de palme dans l'économie du pays...A vos emballages!!!....vous verrez qu'elle est présente partout !

Kuching est une ville agréable qui a su tirer partie de ses berges en développant une forte zone touristique ! Quelques rues piétonnes vous apporteront même le calme nécessaire pour profiter de ces dizaines de boutiques qui ont bien du mal à se démarquer tant leurs collections se ressemblent !
Le soir, comme ses soeurs du nord, la ville est plongée dans le silence, ainsi vers 20h , de nombreux restaurants sont déjà fermés et ce n'est qu 'en tentant une excursion sur les hauteurs que nous découvrons une grande esplanade où dine près de la moitié de la ville ! Ambiance de diner de noce, où de grandes tablées de 15 personnes s'attaquent aux nombreux plats, poissons, crustacés, légumes, le tout bien sur accompagné de riz !

Le lendemain, départ pour le parc de Bako !
Parc national accessible uniquement via bateau et dont les conditions d'admission nous laissent une fois de plus dans un sentiment d'incomprehension ! Sur place, les nombreux bungalows qui peuvent accueillir 80 p sont complets, impossible donc de rejoindre le parc à moins de trouver une tente ! De retour en ville, nous achetons donc notre pass, et embarquons vers le parc !
30 min de bateau, avant de découvrir ce cadre merveilleux , coupé du reste, et dans lequel nous allons passer trois jours.
Sur place , un restaurant/épicerie assure les vivres, un camping accueille les aventuriers, 1 autre Francais plus nous , soit deux tentes qui possèdent la même caractéristique... l'absence de double toit !
La nuit aura donc été difficile , humide, et proportionnellement inconfortable à la taille des cailloux qui jonchent le sol !
le Parc est en revanche de grande qualité, et même si des dizaines de visiteurs débarquent en journée, les chemins restent propres et peu encombrés ! Seuls les plus courtes balades d'1 ou 2 km connaissent un franc succès , alors que les plus aventuriers découvrent des chemins marécageux au sein d'une végétation changeante : jungle, forêt de feuillus et pinèdes , parcourues de quelques rivières qui offrent un rafraichissement indispensable tant l'humidité de l'air déshyrate et épuise.
La seconde nuit est plus confortable, et laisse envisager une belle journée ! Nous laissons dans la tente nos sacs bien rangés et partons prendre le petit déjeuner !

Au retour, 30 singes ont envahis la tente, ouvert les sacs, joué avec le parapluie, les lunettes, et nos vêtements que nous retrouvons disséminés autour de nous ! Les sacs sont remballés sous les yeux des singes qui ne se sentent en rien coupables, et nous quittons le camping car malgré nos premières informations, il reste bien des places dans des bungalows, c'est juste qu'ils ne savaient pas dans lequel !

De nouveaux sentiers sont explorés, des chemins qui mènent la plupart du temps à des plages, des sources, des pics et qui sont tout a fait adaptés pour des balades d'une journée ! On y rencontre moins de singe et de sangliers que dans le campement, mais le cadre reste très sauvage !
Le soir une balade est négociée avec les pêcheurs locaux, car le parc est situé à l'embouchure d'une rivière qui attire des dizaines de bateaux venus pêcher : crevettes, poissons chats, et autres ...3 h sur une embarcation locale, à admirer un coucher de soleil qui chaque jour captive pendant plus d'une heure, les naufragés d'un soir venus profiter du calme du parc de Bako.

C'est sur cette note parfaite que l'aventure malaise se finit, retour à Taiwan où je suis heureux de retrouver un climat bien moins fatiguant, et la petite Marion qui a travaillé dur..